Hadot, une Révolution de velours – Idées – France Culture

Hadot, une Révolution de velours

Source : Hadot, une Révolution de velours – Idées – France Culture

1 Université populaire de Caen Basse-Normandie – Année 2014-2015
Contre-histoire de la philosophie par Michel Onfray –
Conférence N° 274
# 20 : Lundi 1er juin 2015 « HADOT, UNE REVOLUTION DE VELOURS »

1./ ECRIRE LA PHILOSOPHIE a) Le XX° : les audaces philosophiques • Rupture avec le grand public b) Antiquité : pensée populaire c) Haut-Moyen âge : devenir technique de la discipline • Patristique et pouvoir d) Moyen-Age : scolastique e) Humanisme & Renaissance : • Fin de la scolastique • Lisibilité d’Erasme & Montaigne f) Prose limpide du Grand Siècle : • Spinoza excepté • Tradition de lisibilité de la philosophie française. g) Avènement du sabir avec Kant et l’idéalisme allemand • L’étudiant qui se bat en duel : • Il faudrait 30 ans d’université pour comprendre Kant… • Mêmes ses amis lui reprochent sa langue : • Pas assez de doigts pour pointer virgules, parenthèses, mots à problème • « J’arrive à peine au bout d’une page et je n’ai plus assez de doigts pour continuer ! » h) Schelling Préface à un écrit de Monsieur Cousin (1834) : « Les Allemands avaient philosophé pendant si longtemps uniquement entre eux que, dans leurs pensées et leurs paroles, ils s’étaient éloignés peu à peu toujours davantage de ce qui est généralement intelligible (…) et que le degré de cet éloignement était devenu finalement presque la mesure de la maîtrise philosophique ». i) Fichte, Lettre à Reinhold, 22 mai 1799 : « La grande chance de Kant, c’était son obscurité »… j) Hegel pointe son vocabulaire obscur • Dont les termes « de jugement synthétique a priori, d’aperception, de transcendant et de transcendantal, etc. » • « Derrière cet épouvantail se cachent des pensées très communes » Documents concernant l’évolution de Hegel (340). k) Sur Hegel : • Jacques d’Hondt : « Il a peu à peu, et péniblement semble-t-il, cultivé le don d’obscurité » ! (232). • Travailler à se rendre obscur ? • Pour cacher l’indigence du fond « Ce qu’il y a de captieux dans cette terminologie, c’est justement qu’on la maîtrise très facilement. Il m’est d’autant plus facile de parler en ces termes que je peux me permettre 2 d’y dire toutes les absurdités et toutes les trivialités, à condition que je n’aie pas honte à mes propres yeux de parler à des gens dans une langue qu’ils ne comprennent pas » (idem). • A propos de Hegel, d’Hondt parle de « ses incohérences » (236), • De son « inintelligibilité coutumière » (237), • De sa « gymnastique intellectuelle désespérée » (238) pour justifier des propositions indéfendables, • D’« astuces de présentation ou de langage » (238) comme des jeux de mots, • De sa « mauvaise foi innocente » (id) cachée dans l’usage de la dialectique, • De sa « rouerie » (id), • De « concepts ambigus » (239), • De « contradictions vivantes » (id). • Hegel, Lettre à Niethammer : « Il est plus facile d’être inintelligible d’une façon sublime, que d’être intelligible d’une façon simple » (Correspondance, 163). l) La phénoménologie allemande : • Obscurité = profondeur • Heidegger est obscur • Mais la philosophie française se pâme devant lui : • Sartre, Derrida, Lacan, Foucault, Blanchot, Lacoue-Labarthe, Kojève, Axelos, Ricoeur, Levinas, Nancy, BHL, Edgar Morin, Jean-Luc Marion, Agamben, Vattimo, Cacciari en Italie et Sloterdijk en Allemagne, • Henri Meschonnic, Le langage Heidegger : les « heidegrégaires » (45)… 2./ QUI EST PIERRE HADOT ? a) Pierre Hadot tourne une page du XX° sans en avoir l’air b) Le philosophe n’est pas qui l’on croit : • Non pas le créateur de concepts et de néologismes • Subversif dans la forme • Mais conservateur dans le fond • Mais le porteur de l’existentiel • Subversif dans le fond • Conservateur dans la forme c) Pierre Hadot : ni agrégé, ni normalien, ni marxiste, ni psychanalysé • Séminaire, prêtre jusqu’au Collège de France • Plus philosophe que nombre de philosophes • Philosophe caché, masqué, modeste, discret d) Foucault y puise son dernier chantier : • La construction de soi comme subjectivité e) Son expérience fondatrice : • Non pas une lecture • Mais une émotion philosophique • Une épiphanie existentielle : • Externe au petit séminaire • Rentre chez lui la nuit tombée • Requis par le spectacle de la voûte étoilée : « J’ai été envahi par une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse, provoquée par le sentiment de la présence du monde, ou du Tout, et de moi dans ce monde. En fait je n’étais pas capable de formuler mon expérience, mais, après coup, je ressentais 3 qu’elle pouvait correspondre à des questions comme : « Que suis-je ? », « Pourquoi suis-je ici ? », « Qu’est-ce que c’est que ce monde dans lequel je suis ? ». J’éprouvais un sentiment d’étrangeté, l’étonnement et l’émerveillement d’être là. En même temps j’avais le sentiment d’être immergé dans le monde, d’en faire partie, le monde s’étendant depuis le plus petit brin d’herbe jusqu’aux étoiles. Ce monde m’était présent, intensément présent. Bien plus tard, je devais découvrir que cette prise de conscience de mon immersion dans le monde, cette impression d’appartenance au tout, était ce que Romain Rolland a appelé le « sentiment océanique ». Je crois que je suis philosophe (sic) depuis ce temps-là, si l’on entend par philosophe cette conscience de l’existence, de l’être-au-monde.» (La philosophie comme manière de vivre, 23). • Le devenir philosophe (et non professeur de philosophie) de Pierre Hadot ? • Non pas un apprentissage des techniques rhétoriques ou sophistiques de l’ENS • Mais une viscéralité existentielle f) La philosophie : « Une transformation de la perception du monde » (24). 3./ BIOGRAPHIE DE PIERRE HADOT a) Naît à Reims 1922 • Mère pieuse, souhaite qu’il devienne prêtre • Père misanthrope, autodidacte, • Pratique l’espéranto, • Finit fondé de pouvoir Piper-Heidsick • Devient aveugle accidentellement b) Goût de l’antiquité au séminaire c) Châtiments corporels, rudesse, autorité • Foi sans enthousiasme • Aspire à une union mystique qui ne vient pas • Pour éviter la prêtrise à 21 ans, devient surveillant • Requis STO • Pistonné, devient ajusteur • Maladroit, mais décroche un brevet • Affecté à une grue qui remet sur rails les trains endommagés par la Résistance • Lit : Platon, mystiques chrétiens et hindous • Souffle au cœur – toute son existence des problèmes cardiaques d) 1944 : ordonné prêtre à Reims e) Philo à la Sorbonne • Enseigne dans un lycée de jeunes filles • Conférences de Camus • On lui attribue un certificat de réfractaire au STO • Hésite entre une thèse sur Heidegger, Rilke • Travaillera 20 ans sur Marius Victorinus • Elève de Pierre Courcelle, Connais-toi toi-même. De Socrate à saint Bernard • CNRS en 1949 • Compte rendu de L’homme révolté de Camus – qui lui répond • Cours d’Hippolyte sur Hegel et Heidegger f) Amoureux depuis 1949 • Quitte les Ordres en 1952 • 20 ans dans l’Eglise entre 10 et 30 ans 4 • Se marie en août 1953 • Divorce 11 ans plus tard g) Devient chartiste, philologue, historien • Travaille à sa thèse • Edite des textes, dont Marc-Aurèle h) Conférence sur Tractatus Logico-Philosophicus • Traduit le texte • Aborde Ludwig Wittgenstein comme un penseur existentiel i) 1963 : Plotin ou la simplicité du regard • Directeur à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes • Rencontre Ilsetraut Marten • Qui travaille sur la pensée antique • Sa thèse : Sénèque et la tradition de la direction spirituelle dans l’Antiquité • L’épouse à Berlin en 1966 • Avoue qu’elle a joué un rôle important dans sa pensée j) Accidents cardiaques • Chirurgies lourdes k) Thèse : Porphyre et Victorinus – après Mai 68 • Pierre Courcelle dans son jury • Lit Paul Rabbow Direction des âmes. Méthode des exercices dans l’Antiquité. • Publie un article : Exercices spirituels • Futur noyau dur de Exercices spirituel et philosophie antique en 1981. • Foucault très marqué par ce livre • Fait entrer Hadot au Collège de France en 1982. l) Pierre Hadot critique l’agrégation • Ce concours nuit « à la formation scientifique et humaine des candidats » car il « privilégie trop souvent les qualités rhétoriques, l’habileté à traiter un sujet, même si on le connaît à peine, l’art de parler d’une manière élégante et obscure » (La philosophie comme manière de vivre, 79). • Attaque le système de recrutement des universitaires et des chercheurs au CNRS • Contre la cooptation mandarinale, la religion, la politique ou le syndicat • Il fut syndiqué à la CFDT. m) Automne 1991 : retraite après quarante années de recherche et d’enseignement. • Meurt le 25 avril 2010. 4./ UNE REVOLUTION DE VELOURS (#1) : LA MORT DU SABIR Le Vendredi 18 Février 1983 : a) Le sabir fait la loi dans les années 60/70 • Critique de la raison dialectique, Sartre, • Les Structures élémentaires de la parenté, Lévi-Strauss, • Les Ecrits de Lacan, • De la grammatologie, Derrida, • Différence et répétition, Deleuze, • Les mots et les choses, Foucault, • Cartographies schizoanalytiques, Guattari, • Le différend, Lyotard, • Simulacres et simulation, Baudrillard, • La distinction, Bourdieu, • Totalité et infini, Levinas… 5 b) Leçon de Pierre Hadot au Collège de France • Assistance où dominent normaliens et agrégés « Je n’ai pas cette autorité tranquille que confèrent l’usage et la maîtrise des idiomes en usage de nos jours dans la République des Lettres. Mon langage, vous allez encore le constater aujourd’hui, ne s’orne pas de ce maniérisme qui semble être maintenant de rigueur lorsqu’on s’aventure à parler de sciences humaines » (9). c) Plus révolutionnaire que Bourdieu qui croyait l’être avec une Leçon sur la leçon d) Pierre Hadot déclare ce jour-là la mort du sabir philosophique. • Les épigones (lacaniens, deleuziens, foucaldiens, derridiens…) • Style de l’époque : la forme prime le fond • Comme l’art de ce moment : daté • Vasarely, Tinguely, Mathieu, Buffet… • Font partie de l’histoire – d’hier… 5./ UNE REVOLUTION DE VELOURS (#2) : LA MORT DU HORS-SOL PHILOSOPHIQUE a) Le hors-sol philosophique ? • Dissocier la philosophie du philosophe • Le penseur de la pensée • La philosophie de l’histoire • Croire que le professeur de philosophie est un philosophe b) Intérêt biographique à vouloir dissocier vie & œuvre : • Malraux et son passé de trafiquant d’art, de résistant très tardif… • Heidegger et son passé nazi, • Cioran et son éloge d’Hitler, • Barthes et les jeunes hommes • Foucault et sa vie sexuelle alors criminalisée c) Pierre Hadot parle toujours de philosophie antique • Mais, sans en avoir l’air, tient aussi un discours sur la philosophie de son temps • La philosophie antique n’était pas sabir maniériste • Mais invitation à mener une vie philosophique • Invitation à rompre avec « les conduites de la vie quotidienne » (28) d) Un philosophe n’est pas : • Quelqu’un qui parle de philosophie • Un habile conférencier • Un beau parleur • Mais un être qui met en pratique ses pensées • Qui vit en philosophe e) Pierre Hadot cite souvent avec plaisir cette phrase de Thoreau : « Il y a de nos jours des professeurs de philosophie, mais pas de philosophes ». f) Contre les amateurs des « idiomes maniéristes du jour » • Les professeurs qui se prennent pour des philosophes • Fait l’éloge, sous le masque du professeur, de qui vit en philosophe g) En passant, parle de ses 13 anesthésies générales • Et de l’utilité de la philosophie dans ces moments-là h) Parlant de la philosophie antique • Précise : « Il est vrai d’ailleurs que, dans toute l’Antiquité, le nombre des charlatans qui se présentaient comme des philosophes a dû être considérable » (29). i) Souhaite qu’on lise le texte en fonction d’un contexte historique : 6 • A qui s’adresse-t-il ? • Devant ce public qui lit des textes sans contextes… j) Le philosophe : • Atypique, inclassable, étrange, remarqué et remarquable • Tranche par ses comportements : • Mépriser l’argent, • Ne pas conduire sa vie en fonction de lui, • Vivre frugalement, • Ne pas faire de distinction entre les hommes, • Vivre l’égalité dans les faits, • Faire les choses de manière désintéressée, • Renoncer aux biens de ce monde pour se contenter de l’essentiel • « Etranges donc tous ces philosophes dont le comportement, sans être inspiré par la religion, rompt pourtant totalement avec les coutumes et les habitudes du commun des mortels » (30). k) Le philosophe est moins celui qui semble l’être par son apparence • Barbe, bâton, vêtement dans l’Antiquité • Que celui qui pratique des exercices spirituels • Indissociables de la pratique philosophique. 6./ UNE REVOLUTION DE VELOURS (#3) : LA MORT DE LA POSTURE PHILOSOPHANTE a) Au II° siècle, Lucien de Samosate et la critique des philosophes par leurs pratiques b) La preuve par l’exercice spirituel • Qu’est-ce qu’un exercice spirituel ? • La philosophie comme manière de vivre : « Personnellement, je définirais l’exercice spirituel comme une pratique volontaire, personnelle, destinée à opérer une transformation de l’individu, une transformation de soi » (144). c) A l’origine : Exercices spirituels, Ignace de Loyola : • Méditations graduées pour la pratique chrétienne : • Ignace : « Par ce terme d’exercices spirituels, on entend toute manière d’examiner sa conscience, de méditer, de contempler, de prier vocalement et mentalement, et d’autres opérations spirituelles, comme il sera dit plus loin. De même, en effet, que se promener, marcher et courir sont des exercices corporels, de même appelle-t-on exercices spirituels toute manière de préparer et de disposer l’âme pour écarter de soi toutes les affections désordonnées et, après les avoir écartées, pour chercher et trouver la volonté divine dans la disposition de sa vie en vue du salut de son âme. » d) Exemples d’exercices spirituels : 1. Se préparer à la mort de ceux qui nous sont chers 2. Se préparer à la nôtre : • Ne pas être surpris par ce qui advient 3. S’exercer à « contrôler sa colère, sa curiosité, ses paroles, son amour des richesses, en commençant à s’exercer dans les choses les plus faciles pour acquérir peu à peu une habitude stable et solide » (Eloge de la philosophie antique, 35). 4. « Sculpter sa propre statue » en agissant : a) Sur son régime alimentaire, sa diététique et son hygiène : • Quand et comment bien dormir, • Ses pratiques sexuelles, • Son ascèse corporelle. 7 b) Ses lectures, • Pratiquer : • Méditations, • Dialogues, • Réflexion, • Confession, • Relation d’échanges et de correction mutuelle avec les amis • Contemplation c) Sa relation au maître • Et à son discours édifiant • Dogmes et principes de l’école appris, retenus, médités • Sens des lettres d’Epicure d) Les pythagoriciens : • Examens de conscience le soir • Penser l’écart entre théorie et pratique e) Les épicuriens : • Vêtements utiles, • Mets simples, • Refus des honneurs, • Mépris des richesses, • Renoncement à la chose publique, • Vivre retiré entre amis, • Pratiquer l’examen de conscience, • La confession amicale, • La correction publique, • Vouloir les choses qui nous procurent le plaisir réduit à ce qui stoppe le déplaisir • Ressusciter les souvenirs heureux, • Jouir des plaisirs du présent, • Se trouver dans la gratitude à l’endroit de la vie et de la nature qui nous donne la joie si on sait la trouver. • Pratiquer la physique comme une propédeutique à la sagesse : • Si tout est matériel, rien à craindre des dieux ou de la mort. f) Les stoïciens : • Agir sur les sentiments qu’on a des choses • Voir les choses du point de vue de Sirius • Consentir aux événements • S’y préparer g) Dans cette configuration antique : 1. « La théorie pour elle-même n’y est jamais considérée comme une fin en soi » (37). 2. « Philosopher à cette époque-là, c’est choisir une école, se convertir à son mode de vie et accepter ses dogmes » (39). h) On est loin du pur jeu verbal… 7./ UNE REVOLUTION DE VELOURS (#4) : LA MORT DE LA MANIE STRUCTURALISTE a) Mettre en relation texte & contexte • Il faut « tenir compte de toutes les conditions concrètes dans lesquelles ils écrivent, de toutes les contraintes qui pèsent sur eux : le cadre de l’école, la nature propre de la 8 philosophie, les genres littéraires les règles rhétoriques, les impératifs dogmatiques, les modes traditionnels de raisonnement » (42). • Loin de la mort du sujet, de l’auteur b) Pierre Hadot vise le structuralisme, avec subtilité • Note en bas de page : • Pierre Hadot s’oppose à Victor Goldschmidt et à son article Remarques sur la méthode structurale en philosophie paru en 1981. • Goldschmidt : la civilisation gréco-romaine est vite devenue une civilisation de l’écriture ce qui autorise à lire les oeuvres antiques comme les oeuvres contemporaines. c) Pierre Hadot : à l’époque, l’oralité triomphe • Le texte y est structurellement attaché • Ce que l’on connaît comme livre est souvent : • Dicté à un scribe : c’est de l’oral écrit • Notes lues à haute voix par un esclave à son maître • Ou à haute voix pour soi-même • La lecture muette est beaucoup plus tardive • La contrainte orale oblige à des formules rythmées, stéréotypées • Associations d’idées + stéréotypes de l’époque = discours qui paraît confus • Contradictoire, hésitant, répétitif d) A l’époque, la philosophie est orale • Un lecteur peut être converti par un livre • Mais il se rend sur place • Là où le philosophe parle • Enseigne dans une communauté de disciples • Il peut alors interroger le maître • Parler avec ses disciples • Echanger avec eux • Seul le dialogue permet la pratique philosophique • Le maître s’adresse à chacun selon son niveau • « Nombre de philosophes, et non des moindres, n’ont pas voulu écrire, considérant à la suite de Platon et sans doute avec raison que ce qui s’écrit dans les âmes par la parole est plus réel et plus durable que les caractères tracés sur le papyrus ou le parchemin » (45). e) Le texte ? • Une préparation, un prolongement de l’éducation par la parole • Notes rédigées par le maître pour son cours • Notes prises par les élèves pendant ou après le cours • Presque tout ce qui nous est parvenu : • Discussions à partir d’une question oui/non • La mort est-elle un mal ? • Le sage se met-il en colère ? • le texte vise l’édification des disciples • Pas du plus grand nombre f) « Comprendre une œuvre de l’Antiquité, c’est la replacer dans le groupe dont elle émane, dans sa tradition dogmatique, dans son genre littéraire et dans sa finalité. Il faut chercher à distinguer ce que l’auteur était obligé de dire, ce qu’il a pu ou n’a pas pu dire, et surtout ce qu’il a voulu dire. Car l’art de l’auteur antique consiste à utiliser habilement, pour arriver à ses fins, toutes les contraintes qui pèsent sur lui et les modèles fournis par la tradition » (50). g) Exit le structuralisme. 9 8./ SUR LE BRICOLAGE a) En passant, Pierre Hadot recourt au mot « bricolage » (51) • En ajoutant « pour reprendre un mot actuellement à la mode »… b) Dans sa leçon : • Parle des contraintes temporelles dans l’art oratoire antique • Ironie : « C’est une contrainte très pesante, dont j’éprouve, aujourd’hui, toute la rigueur » (46). • Son texte sur l’antiquité n’est donc pas sans effet sur l’auditoire du jour c) Cite sans le nommer Lévi-Strauss : • Lui aussi professeur au Collège de France • La pensée sauvage : oppose le bricoleur à l’ingénieur. d) Idem avec Deleuze & Guattari, L’Anti-Œdipe (13) : • Deleuze et Foucault (Dits et écrits, II, 306-315) entretien de 1972 • La « boîte à outil » définit la théorie : • Toute théorie fournit des outils utiles pour… bricoler. • Penser, c’est bricoler… 9./ MODERNITE DE L’ANTIQUITE a) Conclut ainsi sa Leçon : • Elle est « ce qu’on appelait dans l’Antiquité une epideixis, un discours d’apparat, dans la droite ligne de ceux qu’au temps de Libanius par exemple, les professeurs devaient déclamer pour recruter des auditeurs en essayant à la fois de démontrer la valeur incomparable de leur spécialité et de faire étalage de leur éloquence » (64).

• Il sait qu’il aura des auditeurs, qu’il en a déjà… b) « Le souci du destin individuel et du progrès spirituel, l’affirmation intransigeante de l’exigence morale, l’appel à la méditation, l’invitation à la recherche de cette paix intérieure que toutes les écoles, même celle des sceptiques, proposent comme fin à la philosophie, le sentiment du sérieux et de la grandeur de l’existence, voilà, me semble-t-il, ce qui dans la philosophie antique n’a jamais été dépassé et reste toujours vivant » (65). c) La philosophie ? • « Le sentiment du sérieux et de la grandeur de l’existence » • La mort de l’homme est morte…

BIBLIOGRAPHIE :

• Pierre Courcelle, Connais-toi toi-même, Etudes augustiniennes

•Pierre Hadot, La philosophie comme manière de vivre, Albin Michel

•Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Albin Michel

• Pierre Hadot, Discours et mode de vie philosophique, Les belles lettres

• Pierre Hadot, Eloge de la philosophie antique, Allia