Leçon inaugurale le 1er octobre 2015 à 18h00 « Les énigmes de la croissance »
Sa fiche Wikipedia nous apprend qu’il s’intéresse à la situation de la France :
- Il a fait partie de la Commission pour la libération de la croissance française, dite Commission Attali, dont le rapport a été rendu le au président Nicolas Sarkozy.
- Il est l’un des conseillers en économie de François Hollande, pour qui il a appelé à voter en 2012
- Son rapport rendu fin janvier 2010 au ministre de l’enseignement supérieur Valérie Pécresse recommande de mettre en place une gouvernance équilibrée dans les établissements universitaires.
L’économiste Philippe Aghion est nommé au Collège de France, titulaire de la chaire Économie des institutions, de l’innovation et de la croissance.
Après 15 années passées à Harvard, Philippe Aghion est nommé au Collège de France, titulaire de la chaire Économie des institutions, de l’innovation et de la croissance, avec un grand projet : la création d’un centre de recherche, de réflexion et d’échanges autour de l’économie de la croissance et de l’innovation. Les travaux de Philippe Aghion, et notamment sa nouvelle théorie « Schumpetérienne » de la croissance, ont largement participé à renouveler un domaine qui s’est considérablement transformé au cours des 25 dernières années. Faisant fi des segmentations habituelles, il a contribué à une compréhension plus articulée des mécanismes économiques, mêlant macro et micro-économie, théorie et analyse empirique, étude du comportement des acteurs et analyse des systèmes, appréhension globale des mécanismes de la croissance et du développement ainsi que de leurs liens à l’innovation. Repenser la croissance économique « Mes travaux de recherche se situent depuis 30 ans à l’intersection de la macroéconomie de la croissance et de la microéconomie des marchés, des contrats et des organisations. Mon but a été de développer une nouvelle théorie de la croissance dotée de solides fondements microéconomiques afin : 1/ de mieux comprendre le lien entre croissance et fonctionnement des marchés, entre croissance et organisations internes des entreprises, entre croissance et institutions économique et politiques ; 2 / de penser la notion de politique de croissance et de pouvoir formuler des recommandations qui soient adaptées au contexte institutionnel et au niveau de développement technologique du pays ou de la région concernée », explique Philippe Aghion. « Je me soumets en permanence au test des données et à l’épreuve des chiffres. Faire dialoguer sans cesse théorie et analyses empiriques permet d’affiner les modèles, de mieux comprendre la complexité des interactions, de lutter contre les fausses croyances et donc de sortir de l’idéologie », précise-t-il, plaçant résolument l’économie du côté de la science. Philippe Aghion est également reconnu pour des contributions majeures dans les domaines de l’organisation industrielle, de la théorie des institutions ou de l’économie politique, questionnant par exemple le lien entre dynamique économique et dynamique des institutions. Inventer un nouveau type de croissance fondée sur l’innovation L’arrivée de Philippe Aghion au Collège de France sera marquée par la création et le développement d’un important pôle de recherche économique : Le Centre pour l’Innovation et la croissance. Développer des banques de données économiques internationales ; fédérer les grands pôles français de recherche en économie ; devenir une place centrale permettant de réunir les universitaires qui travaillent sur différents aspects de l’innovation, les praticiens du monde de l’entreprise, les Français de la Silicon Valley ou de Boston ou encore les politiques : sont quelques-uns des objectifs de ce centre
« Déclencher l’innovation est vital pour nos sociétés. En analyser les mécanismes et confronter la recherche pure à l’économie réelle permettra de dépasser les approches empiriques et de donner aux acteurs politiques et économiques les outils nécessaires à l’invention d’un nouveau type de croissance fondée sur l’innovation », explique Philippe Aghion. « Ce centre sera largement ouvert aux jeunes chercheurs. J’aimerais qu’il soit également un moyen de changer la manière de penser l’économie à travers l’éducation. Nous mènerons donc des actions en direction des professeurs, des relais d’opinion ou encore des lycéens. Les jeunes sont ma propre destruction créatrice, affirme Philippe Aghion, en référence à Schumpeter. Les cours de Philippe Aghion pour l’année 2015/2016 auront lieu les mardis à partir du 6 octobre sur le thème Théorie et politiques de la croissance. Il donnera sa leçon inaugurale, Les énigmes de la croissance, le 1er octobre à 18h00. Un colloque, Innovation, inégalités et croissance, aura lieu les 13 et 14 juin 2016. L’ensemble de son enseignement sera disponible sur www.collegedefrance.fr en français et en anglais.
« Les énigmes de la Croissance » Leçon inaugurale du Pr Philippe Aghion – Le jeudi 1er octobre 2015 à 18h00 – Lors de sa leçon inaugurale, Philippe Aghion entend faire partager la « formidable aventure intellectuelle » qu’a été pour lui l’élaboration d’une nouvelle théorie Schumpetérienne de la croissance, ainsi que les profonds bouleversements opérés dans l’approche et les manières de travailler : « L’histoire d’une profonde transformation de l’objet et du sujet », où modélisation et analyse empirique sont dorénavant mises en dialogue constant. Il reviendra sur le cheminement et les raisons qui l’ont amené, avec d’autres économistes, à reconsidérer les théories de la croissance « qui apparaissaient insuffisantes tant sur le plan théorique que d’un point de vue empirique » et à approfondir les intuitions Schumpetérienne, notamment en ce qui concerne la place centrale de l’innovation comme moteur de croissance et le concept de « destruction créatrice ». « Ce dialogue entre une théorie Schumpetérienne de la croissance en cours d’élaboration et une nouvelle économétrie de la croissance plus microéconomique qu’auparavant parce que d’avantage centrée sur les entreprises et les secteurs, a permis : (i) d’affiner notre modèle Schumpetérien et d’en éliminer les hypothèses ou aspects « contrefactuels » ; (ii) d’éclairer plusieurs énigmes de la croissance ; (iii) de réfléchir de façon plus systématique aux politiques de croissance ». Philippe Aghion exposera par exemple le cheminement opéré autour de trois grandes idées Schumpetériennes : « La croissance de long-terme résulte de l’innovation » ; « L’innovation ne tombe pas du ciel, elle est un processus social » ; « Les nouvelles innovations rendent les innovations antérieures obsolètes. Ce que Schumpeter appelle – la destruction créatrice – ». À travers des exemples – comme celui du rapport entre innovation, inégalités, et mobilité sociale – , il reviendra sur la manière dont «l’approche Schumpétérienne et le dialogue entre théorie et analyse empirique que cette approche rend possible, permettent ensemble d’éclairer certains mystères, de résoudre certaines « énigmes » de la croissance ». Philippe Aghion abordera par ailleurs la question du positionnement du chercheur en économie, de son engagement ou non dans les débats de politique économique, sachant que pour lui politiques et interventions publiques sont quoiqu’il en soit « des variables instrumentales » à analyser pour mieux repenser les politiques de croissance. « Mieux appréhender les énigmes de la croissance, la relation entre croissance et innovations et le rôle des institutions dans le développement économique fera avancer non seulement la science mais la société dans son ensemble ».